Environnement & Nature

La faune alpine sous observation: lancement d’un programme de suivi

Des capteurs automatiques installés dans les Grisons permettront de mieux comprendre l’évolution des populations animales.

Publié le 13 July 2025 · Rédigé par Regards Alpins

La faune alpine sous observation: lancement d’un programme de suivi

Un nouveau programme scientifique vient d’être lancé dans le canton des Grisons pour surveiller l’évolution de la faune alpine. Pilotée par l’Institut suisse pour l’étude de la biodiversité, cette initiative repose sur l’installation de capteurs automatiques dans plusieurs vallées reculées, à des altitudes allant jusqu’à 2 500 mètres.

L’objectif est de collecter des données sur les mammifères, les oiseaux et certains insectes emblématiques des Alpes, comme le lagopède alpin, le gypaète barbu ou encore le lynx. Grâce à des caméras thermiques, des enregistreurs sonores et des détecteurs de mouvements, les chercheurs espèrent obtenir une image plus précise de la dynamique des populations.

Le changement climatique, la pression touristique et les modifications de l’habitat sont autant de facteurs qui bouleversent les équilibres écologiques en altitude. « Nous savons que certaines espèces migrent vers des altitudes plus élevées, tandis que d'autres voient leur territoire se réduire », explique André Künzli, biologiste en charge du projet.

L’installation des capteurs s’effectue en collaboration avec des gardes-faune locaux, des randonneurs bénévoles et des étudiants en biologie. Ces derniers sont formés à la manipulation du matériel, au respect de l’environnement et à la vérification régulière des dispositifs.

En plus des données collectées, le projet inclut une plateforme ouverte au public. Les promeneurs équipés d’un smartphone peuvent signaler leurs observations via une application dédiée, contribuant ainsi à la science participative. Cette approche permet d’élargir la couverture territoriale et d’impliquer les citoyens dans la préservation de la biodiversité.

Les premiers résultats, attendus d’ici la fin de l’année, permettront de cartographier les zones de forte présence animale et d’identifier les espèces les plus vulnérables. Ces données seront ensuite transmises aux autorités cantonales pour orienter les mesures de conservation et de gestion des milieux naturels.

Des conférences et ateliers seront également organisés dans les écoles locales pour sensibiliser les jeunes générations à la richesse et à la fragilité de la faune alpine. « Il est crucial que les enfants comprennent que le bouquetin, le lièvre variable ou le tétras lyre ne sont pas que des images sur des panneaux, mais des êtres vivants en danger », souligne une enseignante de Davos.

Le programme s’inscrit dans une dynamique plus large de collaboration transfrontalière avec des instituts italiens et autrichiens, afin d’étudier les migrations animales au-delà des frontières administratives. Des corridors écologiques sont notamment en cours d’étude.

Les responsables espèrent que les résultats du projet inspireront d’autres cantons à lancer des initiatives similaires. La Suisse possède une biodiversité exceptionnelle, mais aussi fragile, et sa préservation nécessite une action concertée à long terme.

Les données seront mises à disposition des chercheurs, ONG, administrations et amateurs éclairés via un portail en ligne. Des visualisations interactives permettront de suivre l’évolution des populations en temps réel, saison après saison.

Ce suivi inédit de la faune alpine pourrait bien devenir un outil incontournable dans la lutte contre l’érosion de la biodiversité. Il témoigne de la volonté croissante des institutions suisses de s’appuyer sur la technologie pour mieux protéger les écosystèmes de montagne.

La réussite du projet dépendra aussi de la mobilisation citoyenne. Chacun, par son regard et son attention, peut contribuer à faire de la montagne un refuge durable pour les espèces qui y vivent.