Environnement & Nature

Les glaciers suisses ont fondu de 10 % en deux ans

Une étude alerte sur l’accélération du réchauffement climatique et appelle à des actions urgentes au niveau national.

Publié le 26 June 2025 · Rédigé par Regards Alpins

Les glaciers suisses ont fondu de 10 % en deux ans

Une récente étude publiée par l’Académie suisse des sciences naturelles révèle que les glaciers du pays ont fondu de 10 % au cours des deux dernières années. Ce constat alarmant marque une accélération préoccupante de la fonte glaciaire, conséquence directe de la hausse des températures moyennes et de l’augmentation des épisodes caniculaires.

Les relevés, effectués sur plus de 1 400 sites à travers les Alpes suisses, montrent une diminution record du volume de glace, notamment dans les cantons du Valais, des Grisons et de l’Oberland bernois. Certains petits glaciers ont d’ores et déjà disparu, tandis que d’autres se sont fragmentés en plusieurs morceaux.

« Nous n’avions jamais observé une perte aussi rapide en si peu de temps », commente Samuel Hügli, glaciologue à l’Université de Zurich. « Cela dépasse nos prévisions les plus pessimistes. » L’étude met en évidence un seuil critique : une fois atteint, le recul devient difficilement réversible.

Les conséquences sont multiples. La disparition des glaciers menace les réserves d’eau douce disponibles pour l’agriculture, l’hydroélectricité et l’alimentation des rivières. Les experts redoutent également une augmentation des risques naturels : glissements de terrain, effondrements, laves torrentielles.

Dans certaines vallées, les autorités locales ont dû renforcer les systèmes d’alerte et mettre en place de nouvelles mesures de sécurité. À Zinal, par exemple, un plan d’évacuation d’urgence a été élaboré pour les hameaux situés en aval d’un glacier instable.

Au niveau fédéral, les appels se multiplient pour intensifier la lutte contre le réchauffement climatique. Plusieurs ONG suisses réclament des mesures plus ambitieuses, comme l’accélération de la transition énergétique, la réduction des émissions de CO2 et l’arrêt des subventions aux énergies fossiles.

Le public, lui aussi, prend conscience de l’ampleur du phénomène. Des expositions photographiques, des conférences et des marches citoyennes sont organisées dans tout le pays pour sensibiliser la population à l’urgence climatique. Le glacier du Rhône est devenu un symbole de cette mobilisation.

Certains projets innovants tentent de ralentir la fonte. Des bâches géotextiles sont déployées chaque été sur certaines zones sensibles pour réfléchir la lumière et préserver la glace. Mais ces méthodes restent coûteuses, limitées, et ne sauraient remplacer une action climatique globale.

Les scientifiques insistent sur l’importance du suivi à long terme. Grâce à des outils de modélisation avancés, ils peuvent désormais anticiper l’évolution des glaciers jusqu’en 2100 selon différents scénarios d’émissions. Leurs projections les plus optimistes nécessitent une réduction massive des gaz à effet de serre dès aujourd’hui.

Le gouvernement suisse a indiqué vouloir renforcer les moyens alloués à la recherche climatique et à la surveillance glaciologique. Un plan national d’adaptation est en cours de révision pour mieux intégrer les réalités du terrain et anticiper les impacts futurs.

Ce recul spectaculaire des glaciers helvétiques constitue l’un des marqueurs les plus visibles du dérèglement climatique. Il nous rappelle que les Alpes, aussi majestueuses soient-elles, sont vulnérables — et que leur préservation dépend de nos choix collectifs.